Nantes-Vevey : 1049 km - 3 jours


Voilà 3 jours que Nantes échappe à notre regard. Il est environ 10 heures, mercredi, lorsque nous installons nos séants encore propres sur la première banquette motorisée, direction l’Australie. Juste eu le temps d’offrir nos sourires béats au journaliste de Ouest-France qui s’est déplacé pour l’occasion, et de partager un savoureux p’tit dèj’ sur le raffiot  trentemousin de notre amie et hôte de la veille - oui Adèle, c’est bien toi ! Bref, c’est parti.

La première journée est totalement dingue, portée certainement par l’euphorie inhérente à un début de périple tel que celui-ci,  évoqué au futur depuis plusieurs mois et motif de larmes maternelles. Saumur et Angers constituent nos deux premiers changements de conducteurs collaborateurs. Puis Tours, enfin une sorte de bretelle d’entrée sur l’autoroute dans les environs. Il y a déjà un type doté d’un bout de carton griffoné indiquant sa volonté de rejoindre Bourges. Nous l’accostons d’un « salut la concurrence « qui trouvera un sourire et une franche poignée de main en guise de réponse. La discussion s’engage, décomplexée. Nil. Enfin frère Nil, car le type en questions est moine, et il faut dire qu’il nous aurait fallu diablement loucher pour ne pas le deviner : soutane, barbe plutôt que cheveux, pendentif cruciforme autour du cou. Après avoir mutualisé nos potentiels de réflexion, et n’avoir compté qu’une dizaine de voitures au bout de 20 minutes pour autant de regards concentrés exclusivement sur le goudron, nous décidons tout 3 de chercher à rejoindre Orléans pour nous sortir de ce bourbier, et – nous l’imaginons ainsi – trouver plus facilement une âme charitable qui se rende vers Clermont. C’est alors que s’arrête Youssef. Nous apprenons qu’il fréquente assidument les geôles locales et ne nourrit pas une grande admiration pour les douanes, enivrés par les fumées douteuses qui s’échappent de sa clope arrangée, légèrement brassés par le 160 qui s’affiche sur le compteur de sa berline siègesencuirs. Un délicieux moment que celui-ci, marqué par le mélange fertile de profils que tout oppose, et les attentions des uns pour les inconnus que sont alors les autres. Cousin Youssef, frère Nil, et nous deux. Nous sommes partis pour ce genre de mélanges improbables. On peut le dire : ça déchire grave.




Frère Nil nous épate, mettant à mal les clichés qui collent à l’habit qui est le sien, et qui se sont imposés dans nos esprits dévergondés, pourtant christianosensibilisés jusqu’au collège. Il a un téléphone portable bien moins pourri que nous, envoie des textos avec des smileys, a voyagé dans pas mal d’endroits, s’intéresse à plein d’autres trucs qu’à ses trois prières quotidiennes, évoque ces mêmes trucs avec une fraîcheur et une modernité bluffantes. Nous sommes fans, et il semble que la réciproque soit vraie. Entre deux éclats de rire, nous décidons de poursuivre ensemble jusqu’à Clermont, où nos chemins devront se séparer quoi qu’il arrive, puisque Aix – destination de Nil - ne figure pas sur notre itinéraire.  Nous arrivons tant bien que mal jusqu’à Vichy vers 21 heures. Dans une simplicité et un bel élan de générosité, et alors que nous sommes persuadés de devoir déplier la tente, Nil nous offre la chambre d’hôtel voisine de la sienne, café-croissant compris au petit matin. Merci et encore merci, et encore merci, et encore… Buffalo Grill, seul point de restauration à proximité, a pour mission de faire taire nos appétits gloutons, et nous donne l’occasion de poursuivre nos conversations autour de breuvages fantasmés depuis la fin de l’après-midi. Nos chemins se séparent à Clermont le lendemain matin, mais - et sans aucun doute -, se croiseront à nouveau à notre retour.




Les 2 journées qui suivent sont l’occasion de baptiser John d’un trajet en semi-remorque, l’occasion de déambuler dans le vieux Lyon et de pouvoir l’observer depuis les hauteurs de Saint-Jean de Fourvière – non, non, nous ne sommes pas partis en pèlerinage.






Puis la Suisse, et plus particulièrement Vevey, au bord du lac Léman. Premiers clichés carte-postale. Les suisses ont l’air aussi cool que ce que l’on nous en montre depuis nos canapés ligériens. Objectif du jour : se déplacer vers l’est, et poser notre tente dans un endroit aussi beau que celui depuis lequel nous vous écrivons, en comptant sur les conseils avisés d’un helvète que le hasard nous aura fait rencontrer.






Daniel n°1, Stéphanie, Sabine, Youssef, Yul, Fred, David, Olivier, Guillaume, Marie-Claude & Joël, Daniel n°2, et Coralie, nos chauffeurs successifs, Charlène et Mathieu, nos hôtes successifs, comme dirait qui vous aurez deviné : que Dieu vous bénisse.


5 commentaires:

  1. Le voila enfin le blog! Merci Antoine de nous avoir donné l'adresse... humhum! En tout cas vous avez l'air bien parti! Profitez bien les gars! Bisous d'un canapé ligérien!

    Simon

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  2. Bonjour à vous 2 =)
    Ouah, l'Australie est vraiment une belle destination. Je trouve ça génial que vous ayez réussi à réaliser votre projet. L'Australie comme destination finale ... je rêve de la faire un jour ! En tout cas, je vais suivre votre périple de près. ^^ Bisous

    Elodie

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  3. En direct d'un canapé bordelais, super premier article !

    En attendant le prochain, les photos, les dessins.
    La bise camarade vendéen , Benji

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  4. Beaux premiers jours !! Savant mélange de dessins et de récit, on voit que vous êtes rodés ;-) !
    J'ai déjà hâte de lire la suite de vos péripéties, amusez-vous bien !

    Gros bisous à vous deux, bonne aventure,

    Baptiste R.

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  5. Wahou...Continuez de nous faire rêver!
    Je vous aime grave johnnyjohn et mon colloc!

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