Vevey- Rust : 1077 km - 4 jours

Le départ de Vevey, où nous sommes si bien, est raté, et l’occasion pour nous d’expérimenter tout ce que nous souhaitons étranger à ce voyage : autoroute, autoroute, rush, mauvaises décisions en cascade, hôtel et aussi autoroute – mais je crois l’avoir déjà écrit. Bilan de la journée : nous avons quitté la Suisse trop précipitamment sans pouvoir apercevoir la marmotte emballer le chocolat, avons traversé le petit bout d’Autriche qui borde le lac de Constance en se contentant de fouler le sol détrempé d’une station-service, puis avons finalement atterri – abus de langage, car jamais d’avion nous n’avons pris – sur le périphérique de Munich vers 22 heures, dans un Etap hôtel, alors qu’il n’avait jamais été question de se rendre en Allemagne… Heureusement, la chambre et son éclairage suggestif nous extraient de la morosité du bitume pour tenter de nous transporter à quelques mètres des barres métalliques d’une boîte de nuit aux mœurs légères. Bilan du bilan : nous apprenons et cernons désormais avec plus de précision la manière dont nous voulons conduire notre voyage. Secret fraîcheur : le lendemain matin, rien ne vaut des pains au lait sucrés par la magie de l’économie d’emballage pour repartir avec des visages faiseur de miracles au bord d’une route. Un présentateur de France 24 à la coiffure abracadabrantesque achève de classer la journée de la veille au rayon des lointains et mauvais souvenirs. A noter cependant l'étape concluante à Berne, le midi, capitale rayonnante du pays aux couteaux renommés.


Nous retournons ensuite en Autriche, à Salzburg, déposés par le troisième Daniel de notre liste de chauffeurs aux grands cœurs. C’est décidé, nos fils s’appelleront ainsi. Si ce sont des filles, ce sera Danielle. Message à destination des prétendantes : c’est une condition non négociable à la fondation d’une famille. Trêve de cocasseries. Salzburg est une ville des plus agréables, typiquement autrichienne par son château qui domine une vieille ville pavée, formée d’immeubles alignés aux façades de pierres foncées souvent diablement ornées. A signaler : nous avons – en exclusivité pour nos jeunes lectrices – retrouvé le modèle vivant de Mon petit poney, ses courbes prononcées, sa coiffure de princesse et son regard enjôleur. Au risque d’en heurter quelques-unes, nous vous assurons que l’original n’est pas rose. Jugez-en par vous-même.



La journée se termine de la plus belle des manières. Alors que nous nous dirigeons vers la sortie de la ville qui nous intéresse et tendons un morceau de carton indiquant nos velléités de mouvement, Helmut s’arrête et nous offre la banquette de son break gris métallisé. La conversation s’installe, au gré des approximations langagières de notre anglais pour le moins douteux et des réminiscences scolaires du sien. Au bout de quelques minutes, il nous propose le luxe du canapé de son chez-lui pour la nuit. Bien évidemment, nous acceptons, nous rendant ainsi jusqu’à Ebensee par des paysages magnifiques constitués de montagnes, de pelouses aussi vertes que des petits-pois surgelés, d’habitations traditionnelles et de multiples lacs permettant à nos regards de gamins de s’émerveiller de l’ensemble.



Nous arrivons chez lui, où nous accueillent avec un naturel et un art de recevoir déconcertant, ses parents, sa femme Sabine et son fils qui lui aussi se prénomme Helmut. Une première bière… La soirée se poursuit sur le bord d’un lac sublime, dans une tente gigantesque où sont rassemblés nombre de buveurs de pressions amusés par le folklore décalé d’un groupe du coin. Helmut nous offre tout, et au-delà d’avoir permis à Antoine de boire plus de bière en une soirée qu’en 23 ans sans mettre à mal notre budget journalier, nous permet d’en découvrir beaucoup plus sur l’Autriche et ses habitants, leurs pratiques et leurs modes de vie.








Le lendemain matin, nous nous levons à 6 heures, pour pouvoir profiter du trajet maison-boulot du couple, qui une nouvelle fois nous gratifie d’une délicate attention en nous proposant de nous déposer sur la route qui mène à Graz. Le temps est surprenant. Nos mines réjouies par l’expérience précédemment contée sont noyées dans un nuage qui sublime le perçant des rayons du soleil. L’harmonica livre ses premières notes, tout en nous permettant d’en expérimenter les vertus et continuer ainsi à mettre au point notre arme de persuasion massive : ne pas hésiter à parler aux chauffeurs potentiels, égayer leur journée de nos sourires et de notre frenchtouch’ en vacances prolongées.




Nous arrivons à l’entrée de Graz vers midi, puis dans le centre-ville vers 14 heures, déposés par une enseignante en français abordée pour un simple renseignement. Graz, le coup de cœur de Jonathan, davantage pour la quiétude de ses ruelles que pour le côté tapageur de quelques excentricités architecturales.







Une sorte de mini-évènement clôture la journée, puisque nous baptisons l’igloo de toile que nous portons d’une première utilisation, et pouvons désormais quantifier le volume d’air restant une fois nos carcasses et le matériel casés à l’intérieur : pas grand-chose, mais suffisamment pour que nous puissions promener nos doigts sur le clavier ou laisser Joey Starr – véritable mascotte depuis notre road-trip européen – nous glisser à l’oreille quelques mignardises musicales pour nous rappeler la douceur de l’hexagone. A noter qu’à peine étions-nous sortis du véhicule qu’un agriculteur vient à nous pour nous faire comprendre que nous pouvons nous installer où bon nous semble, et proposer à nos gosiers déshydratés deux de ces bouteilles en verre encapsulées qu’ils consomment ici par demi-litre… Les autrichiens sont pour la plupart , et c’est une quasi-certitude, d’une gentillesse et d’une attention à l’égard des autres stupéfiantes.


Nous sommes désormais mercredi soir, premier jour de notre seconde semaine de déconnexion avec l’ouest français. La journée est sympathique, bien que marquée par quelques aléas climatiques. Il pleut. Rust, bourgade atypique et charmante qui borde le Neusiedler see à l’extrême est de l’Autriche nous accueille pour la nuit, dans un style non moins atypique apporté par nos ponchos.


Flash-Back : Après consultation de nos clichés suisses, il nous a semblé important de vous faire parvenir celui qui figure ci-dessous, et par la même, de vous rassurer quant à l’image que nous véhiculons de la France et de ses habitants à travers les pays traversés : classe. C’est simple : slip de bain apprêté, lunettes de soleil de tombeur, position classieuse et plastique irréprochable – un problème de lumière explique l’impression mitigée probablement laissée par la sangle abdominale.


Demain la Hongrie. « Tchuss »
Coralie, Jean-Pierre et Edith, Camillo, Andy et Jenny, David, Daniel n°3, Helmut, Sabine, Herbert, Fritz et Elfi, Georges, Gaby, Ingrid, Joseph, Magdalena, Gernot, Aurelia, Mr Wine à la grosse voix, nos chauffeurs successifs, que...

1 commentaire:

  1. Bonjour vous 2 ! =)
    Ouah, que de belles images, cela donne très très envie ! Il est magnifique le "modèle vivant" de Mon Petit Poney. ^^ Les structures de Graz sont assez loufoques mais je les trouve superbes. J'ai hâte de voir la suite !!
    Bisous
    Elodie

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