Jaisalmer - Dehli : 6 jours




AMRITSAR

Situation géographique relative : à environ 700 kilomètres au nord de Jaisalmer, soient environ 24 heures d’un enchaînement harassant bus, tuk-tuk, train, train, tuk-tuk, jonché d’heures d’attente, meublé tant bien que mal par les ouvertures et fermetures de nos bouquins du moment, le grignotage de samossas, la manipulation de nos boîtes à musique numériques en format voyage.
Raison de notre passage : obliger Antoine à cacher sa forêt capillaire laissée à l’abandon depuis le départ, par le respect des us sikhs dont le port d’un couvre-chef, inhérent à la fréquentation de leur lieu de culte suprême, nommé Golden Temple.
Une couleur : l’or, pur, animé de bas-relief, scintillant sous l’effet multiplicateur de l’eau.
Une odeur : celle de l’Homme, rassemblé par milliers dans des files d’attente infinies, tassé dans des dortoirs dépourvus de matelas, suant le jour, dormant à même le sol la nuit, se lavant le corps d’une eau saumâtre utilisée jusqu’à évaporation.
Un son : le cri poussé pendant plusieurs secondes par les gardes indiens, puis répété, en écho à ceux poussés de l’autre côté des grilles par leurs homologues pakistanais, lors d’une cérémonie délirante et quotidienne organisée en signe de relations diplomatiques pacifiées, encadrée par des gradins bondés et survoltés.
Une saveur : celle du dal-baht, toujours lui, mais ici servi bénévolement, à la chaîne, sans qu’il ne soit obligatoire de verser un seul centime, au moyen de seaux et de louches, dans des salles de restauration qui se remplissent et se vident dans une logique de roulement ahurissante.
Pourquoi y retourner : intégrer le sein de la gigantesque usine à lentilles, riz et roti que constitue la cantine bénévole, correctement enturbannés, barbus oubliés longue durée des appareils de rasage, équipés de sabre miniature astiqués pour l’occasion.
Pourquoi ne pas y retourner : une fois quittée l’enceinte religieuse et emprunté la route menant au poste-frontière, il ne reste à Amritsar qu’une immensité construite de faubourgs quelconques.
Note finale et appréciation : 16/20, car sur un mode semblable à celui de Varanasi, le Golden Temple émerveille par la surpopulation de fois inconditionnelles qui cohabitent et s’autogèrent entièrement, dignes, sans heurts, sans plainte ni maintien de l’ordre par un tierce, et ce malgré des conditions de séjours sur place.















CHANDIGARH

Situation géographique relative : à environ 200 kilomètres à l’est d’Amritsar, soient approximativement 4 heures d’un train différent de tous les précédents, puisque ressemblant à un agrandissement bidimensionnel de nos trains « corail », une allée centrale distribuant d’innombrables rangées latérales de 3 sièges.
Raison de notre passage : nourrir nos cursus estudiantins en foulant un sol sacré pour le métier, manifeste urbain et architectural des principes du mentor franco-suisse et touche-à-tout aux 5 principes, Le Corbusier.
Une couleur : le gris mat du béton brut, omniprésent, maquillé et assombri par le seul pouvoir érosif du temps.
Une odeur : celle, pure, atypique au pays de Gandhi, de mètres de bitume et de briques dépourvus de masque putréfiant.
Un son : les clics répétés des paparazzades à l’indienne, qui consistent à se faire photographier un par un, puis en groupe de deux, puis de 3, tout en variant les positions et les styles photographiques, avec le premier européen qui passe, puis d’afficher l’instant éphémère sur le réseau social aux deux o.
Une saveur : celles, européanisantes, des cafés et thés de nos matins radins, préparés clandestinement par nos soins dans l’intimité de notre chambre d’hôtel.
Pourquoi y retourner : oublier l’échec de nos visites corbuséennes, restées extérieures, en calant nos jours de visites  sur l’ouverture des grilles et halls d’entrée.
Pourquoi ne pas y retourner : car le fait est que voulue moderne et image d’une Inde future, 50 ans plus tard, Chandigarh est toujours aussi moderne mais reste suffisamment atypique dans le paysage indien pour se demander si elle l’est réellement, si le tissu d’avenues dimensionné pour un flux de voitures hollywoodiens n’est pas trop grand pour elle.
Note finale et appréciation : 15/20, car bien que riche, développée, instruite, propre, silencieuse et dotée d’une identité morphologique passionnante, Chandigarh ennuie presque d’un trop plein de civilités et de vides une fois quitté le Rock Garden, jardin unique et merveilleux de Padam Shri Nek Chand.




















  

DELHI

Situation géographique relative : à environ 300 kilomètres au sud de Chandigarh, soient 3 heures d’un train jumeau du précédent.
Raison de notre visite : partir vers Hong-Kong pour une quantité de dollars décente.


Une couleur : le bleu de la devanture du cyber-café jouxtant notre guest-house, fréquenté outrageusement en phase préliminaire de confection des faux-documents nécessaires à notre demande de visa chinois imminente.
Une odeur : le méli-mélo d’effluves épicés perceptibles depuis les trottoirs, échappés des sacs en toile de jutes aux bords retroussés pour laisser entrevoir les responsables alimentaires de cette symphonie olfactive.
Un son : l’anglais suave et marquée par les politesses de la speakerine automatisée accompagnant notre trajet vers l’aéroport, dans une rame de métro aussi vide de monde et contemporaine que les rues de Delhi sont surpeuplées et marquées par l’oubli.
Une saveur : celle, oubliée de longue date, d’un chocolat de qualité acquis dans un duty-free de l’aéroport contre nos derniers roupies.
Pourquoi y retourner : ne serait-ce que déambuler dans les 99,9% de la ville restés insondés faute de temps.
Pourquoi ne pas y retourner : le fort du vieux Delhi, pourtant qualifiée d’incontournable, ne valant pas la plus insignifiante des tours de Jaisalmer, qu’imaginer des attractions secondaires ?...
Note finale et appréciation : 10/20, la faute à un rapport ville-nous peut-être entaché de malentendus, de maladresse et de non-dits.








Messages personnels
Chère Elodie, Jonathan te fait savoir que ses magnifiques dessins sont le résultat de beaucoup d’amour, et, sur un point de vue plus technique, fruits de l’association maîtrisée d’un Staedler mine 0.2 et d’un pinceau à pointe fine flirtant avec une palette d’aquarelles.
Cher anonyme, cher copain, l’appareil photo utilisé est un Nikon COOLPIX P500…, utilisé sans artifice mais parfois secondé par les pouvoirs magiques de Photoshop.

8 commentaires:

  1. Merci encore, J'ai une nouvelle fois pris un très grand plaisir à lire et admirer... Manque plus que la bande son pour un voyage des sens optimal!
    Où en êtes vous niveau budget?
    Un petit bonjour à Élodie en passant, autre fidèle commentatrice de vos aventures.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Guillaume,
      Je viens de voir que nous pouvons te répondre directement sur le blog, c'est magique.
      1. Niveau budget on fait attention et nous sommes plutôt bien. Une moyenne de 10-12 euros par jour.
      2. Nous sommes au Cambodge (un peu de retard sur le blog oui
      3. As tu facebook, que tu ne reste pas qu'un ami mystère.
      4. Bien le bonsoir

      Supprimer
  2. Hello les copains!!
    Oui alors l"anonyme" omniprésente du début c'est Anne la coloc ;)
    mais bon vu que j'avais pas tout à fait compris le principe de ce blog, bcp trop évolué pour moi... :D
    Merci pour l'appareil photo! Du coup Nathan, me dit que "ah c'est un compact en fait", en tout cas pour moi qui n'y connais rien je trouve juste que le photographe fait (avec son ami Photoshop) des prouesses! :)
    d'ailleurs... qui est plus préposé aux photos... si ce n'est pas indiscret? ^^
    Bonne suite les copains
    la bise à vous a Elodie et Guillaume!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah et au fait, pour Le Corbusier, ça me fait bien sourire d'aller jusqu'au bout de monde pour vous retrouver bloqués devant les portes du temple du maître incontesté de la révolutionnaire modernité en architecture! ;)

      Supprimer
    2. Coucou miss.
      Merci pour la précision. Ce blog est décidément magique on vient de s'appercevoir que l'on peut répondre directement aux internaute. L'appareil photo utilisé est un bridge et non pas un compact mais le bridge est largement suffisant. En ce qui concerne la répartition des taches: Antoine à pour but de faire le oscar Wilde, John le Joann Sfar et le Doisneau. Bisous chère et tendre amie

      Supprimer
  3. Bonjour vous 2 =)
    Ce petit Tour de l'Inde est vraiment magnifique ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner à Hong Kong.
    Merci à Jonathan, pour cette réponse, je suis juste en admiration sur tes dessins. *-*
    Cool, vous avez découvert la "touche" magique pour nous répondre en direct ! ^^
    A bientôt, bisous volants en direction de l'Inde. Et je vous passe également le bonjour, Guillaume et Anne Onyme ! ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Trop cool, tout le monde s'aime sur notre blog. Merci Elo pour ton compliment. Je te pose la même questoin qu'à Guillaume, as tu un facebook, ou un truc de ce genre. Merci. Bisous à toi et à Guillaume et à Anne :)

      Supprimer
    2. "Peace and Love" règne sur votre blog ! ;)
      Alors non, je n'ai pas encore de facebook, je compte m'y mettre dans quelques mois. En ce moment, ce ne serait pas la bonne affaire avec les révisions du Bac (me connaissant je serai trop accro) ! Mais j'ai Skype, si vous voulez !?
      Bisous tout le monde. :)

      Supprimer