JAIPUR
Situation géographique relative : à
environ 250 kilomètres à l’ouest de Fatehpur Sikri, soient 4 heures d’un train
indien comme tous les autres, sommaire, suffisamment rapide car épargné de
toute présence bovine inopportune, suffisamment confortable pour que venir à
bout d’une page de Catherine Pancol ne prenne pas plus de 2 minutes.
Raison de notre passage :
pierre-feuille, feuille-feuille, ciseau-pierre, feuille-feuille, pierre-ciseau,
feuille-ciseau…
Une couleur : l’orange pluriel des épaisses
murailles de la vieille ville et des édifices de son âge qu’elle renferme, chaud
ou pastel, rugueux ou lisse, à vif ou poussiéreux.
Une odeur : le reflux de ces
aménagements de plein-air appelés pissotières, faïencés du même rose que nos
salles de bain eighties, disséminés au hasard des croisements bordant la
muraille comme pour former une signalétique, lavés et entretenus par les seuls
pouvoirs d’une rare pluie.
Un son : les manifestations compatissantes
et expressives de joie, de peine ou de colère d’un public à cœur ouvert, dans
la salle d’un cinéma où « Rock Star », film alors diffusé, devient pièce
de théâtre, mélodrame en direct piqué d’un comique grand public, accessible
même à ceux pour qui l’hindi se résume à namaste.
Une saveur : celle du Mc Maharadjah,
le burger de notre choix de l’après ciné, affiché comme la meilleure affaire sur
la carte sans bœuf du fast-food de Ronald, introuvable dans l’hexagone sans que
les français soient à plaindre.
Pourquoi y retourner : trouver ce
satané magasin à cause humanitaire, dont les tuk-tuk assurent connaître la
localisation pour finalement vous déposer dans une enseigne comme tant
d’autres, doublée d’un atelier factice où des machines à coudre sont curieusement
arrêtées en plein ouvrage, orphelines de toute activité ouvrière pour cause déclarée
de congés exceptionnels.
Pourquoi ne pas y retourner : boycotter
la course au bâtiment le plus moderne et hideux que se livrent les
établissements bancaires le long de grands boulevards récents et inanimés,
jurant avec l’authentisme de la vieille ville.
Note finale et appréciation : 11/20,
car même si la durée de notre passage n’est pas à la mesure des dimensions de
l’agglomération et de ses trésors, le Mac Maharadjah comme les mètres cubes de
béton mal employés n’ont de l’identité indienne désirable que leur nom.
PUSHKAR
Situation géographique relative : à
environ 150 kilomètres au sud-ouest de Jaipur, soient 3 heures d’un bus lilliputien,
organisé de telle sorte à ce que les touristes soient à l’arrière et les indiens
à l’avant pour que les premiers ne s’informent pas des disparités tarifaires.
Raison de notre passage : pouvoir
continuer notre voyage apaisés, reposés par des matelas immobiles, une chambre
silencieuse et inchangée plus de deux nuits consécutives, de nouveau aptes à
livrer tous les micro-combats quotidiens armés d’une sérénité de destruction
massive, de l’acquisition d’un ananas aux conséquences commerciales de notre
condition d’appât à tuk-tuk, de cible à sourires enfantins angéliques mais
dédiés au remplissage de coupelles d’aluminium cabossées.
Une couleur : le blanc, celui, ici,
de toutes les architectures, celui qui, lorsque le soleil est au zénith, vous
oblige à équiper votre regard de verres teintés obtenus par votre père grâce
aux points Shell, qui lui-même
jugeant leur dessin d’un autre temps, vous les a offertes gracieusement.
Une odeur : celle, puissante,
suggestive et romanesque, du cuir de chameau devenu sac, portefeuille ou
couverture de carnet pour touriste en mal d’idées cadeaux.
Un son :
le la aérien et acoustique, porté par le souffle fluctuant mais continu d’une
brise de petite altitude, première échappée des cordes d’une guitare hollandaise,
déclaration d’amour collective à la beauté d’un horizon irisé.
Une saveur : celle, encore plus délicieuse que d’habitude par la symbolique associée
à l’acte, d’un nouveau chai, cette
fois-ci partagé avec nos compagnons de plusieurs jours de voyage, au retour
d’une escapade chevaline génératrice de crampes et révélatrice de carences en
matière d’équitation, à seulement une heure de nos aux-revoir.
Pourquoi y retourner : se baigner,
pour la dernière des dernières fois, dans la piscine de la « Sky View guest-house »,
à laquelle les 3 euros d’une chambre double johnament négociée donnent accès.
Pourquoi ne pas y retourner : un
premier tour du lac situe, un second enseigne, un troisième passe le temps, et
après le quatrième, vous vous renseignez sur les horaires du prochain car.
Note finale et appréciation : 14/20,
car petit-déjeuner un pancake à la banane, même sans chocolat, à 11 heures sur
la terrasse panoramique d’un restaurant conseillé par Gaby, c’est, conformément
à nos prévisions, régénérateur.
Situation géographique relative : à
environ 350 kilomètres à l’ouest d’Agra, soient 9 heures d’un car couchettes
compartimenté, assimilable à un mixeur une fois lancé sur le bitume pernicieux
des axes secondaires.
Raison de notre
visite : partir à dos de chameaux pour voir, sentir, entendre et
goûter à cette étendue de dunes appelée désert, annonçant la frontière
pakistanaise.
Une couleur : le doré du sable, infini,
photogénique et conteur d’histoires.
Une odeur : celle des roti, sorte de galette indienne
assimilable à du pain, préparés à l’ombre d’arbres miraculeusement pourvus de
feuilles, cuits par la combustion de quelques branches de bois sec et servis
encore chauds.
Un son : le silence, profond et
envahissant, conquérant d’espaces intérieurs secrets et songeurs, qui s’impose
au fur et à mesure de l’évaporation des esprits, libres, marqués par des
moments de partage inoubliables, réchauffés par les dernières flammes d’un feu
intimiste, allongés sur une simple couverture, bercés par la douceur du sable, aspirés
par un ciel de millions d’étoiles.
Une saveur : celle du chai, thé indien composé d’épices, sucré et adouci d’un
soupçon de lait, offert par Selim, musicien rencontré dans les rues du Fort qui
nous guide à travers le labyrinthe de ruelles le temps de lui découvrir autant
de maîtresses qu’il a d’enfants, de comparer avec précision une dizaine des
différentes sacoches de cuir destinées à la vente, d’échouer lamentablement au
test didactique de dissociation entre bijoux en argent et alternatives
attrape-touristes, puis de perdre la retenue de nos jugements extatiques face
aux havelis.
Pourquoi y retourner : acheter des
sacs en cuirs parmi les meilleurs du marché, un bracelet d’un argent des plus
purs, un chameau, une haveli, et partir en week-end
trois fois par semaine vers l’ouest.
Pourquoi ne pas y retourner : ne
pas trouver de réponse à cette question n’est pas condamnable.
Note finale et appréciation : 22/20,
car il est de notre devoir de vous informer que même si les chameaux
maltraitent quelque peu les fessiers humains et évacuent des leurs des vapeurs
ragoûtantes comme pour vous signifier que vos intestins ne sont pas les seuls à
souffrir de l’Inde, vous devez absolument, un jour, ou plutôt une nuit, offrir
à votre personne toute entière la magie des paillettes, loin des cancans et du
230V.
Splendides photos, merci.
RépondreSupprimerLes photos sont vraiment superbes et associées aux mots elles font vraiment voyager.
RépondreSupprimerPetites question pratique; quel sont les appareil(s) et objectif(s) utilisés pour parvenir a de telles images?`
Merci aussi :)
bisous les copains
Bonjour vous 2 =)
RépondreSupprimerQuel régal avec toutes ses photos, de quoi faire de beaux rêves ensuite. Petite question à l'intention de Jonathan : Qu'est ce que tu utilises pour tes dessins au niveau des couleurs ? Parce que j'adore l'effet que ça donne.
Gros bisous et au prochain bout de chemin. ;)
Elodie